Recueil de Poésie / Août 2003
Fossilisation d'une membrane déjà close ou tentative d'éclaircie dans l'impossible du rien, selon le jour, selon la nuit, on se retrouve d'un côté ou de l'autre de la lame tranchante d'un cercueil au sommeil fibreux, juste là, dans la chambre aux oiseaux.
On se relève chaque matin avec cette même question, cette insoutenable tentacule qui nous rejette aux débuts de la vie alors que ce n'est que le début du jour. Chaque matin, toute la vie est à recommencer. Il n'y a que certains soirs où l'on est soi.
Dans les nuages aussi ténébreux que le goudron, sur les chemins rocheux de quelque désert, aux confins de l'eau des roches à chaque fois on recalcule combien il nous reste, et il nous reste toujours très peu, jamais assez et jamais la même somme. Et pourtant il faut toujours avancer, vers une roche, un mont ou un lac.
Comment se relever du venin du désert ? Comment combattre des spectres ? Tentative d'éclaircie dans l'impossible du rien, tout est dans le cachalot géant qui garde tout pour lui, il s'agit de lui extirper la moindre parole sans comprendre un seul mot de son langage aussi ancien que les glaces célestes, glaces célestes et vallées de feu pour un dernier combat aussi vain qu'énigmatique. Fossilisation d'une membrane déjà close, aussi pâle que le dessein infini de la finitude enfin trouvée. Et pourtant encore et toujours insatisfait sur ce chemin rocailleux qui mène au crépuscule des riens mais qui nous reconnecte à chaque fois aux ondes.
100 exemplaires, dont 70 avec la revue du Réseau Souterrain n°9, et 30 en vente ici.
Ai-je dormi ?
Je ne crois pas.
Et pourtant les papillons, les couleurs, le citron...
Il y a bien longtemps, j'ai voulu chanter la pierre.
Je dormais et je dors encore
À l'abri d'un arbre peut être.
Ou sur la croûte du silencieux volcan.
Je me roule dans l'herbe,
Comme une roche sur le flanc d'un mont.
Grand ami des limaces, je recueille la rosée.
Mon œil est jaune, il le sait.
Et je le dis solennellement, Le visage à moitié perdu dans la boue, Rien n'est plus beau que le miel !
Lueurs de l'hiver
À travers ma fenêtre
Flocons et astéroïdes, gerçures
Aveugle dans l'hiver qui vient
Danse dans un pré invisible
Royaume du son
De l'espace que parcourt ma main
Au soleil de granit.