La brume se levait en secret des limbes sur les hauts calcaires aux herbes ; la domination, ici, des pierres, de leurs vieilles légendes, renaît, dans les voltige et diffusion de la poussière en suspension. Un peu plus bas, aux abords d'un étang plus vaste, plane une lumière qui par moments se condense et forme des flammes froides dont les rayons vaporeux, fumants et fuyants brûlent ton œil, caressent ta joue, et dansent parmi de fins fils dans un fluide extrêmement lent où foisonnent les symboles de vie en pierre, vis à même la pierre, en plein centre d'un disque jeté désespérément au soleil qui l'avale et qui te menace. Tu te déhanches doucement dans la musique des herbes vibrantes aux vents, ta robe noire soulève aussi les poussières blanches. La crête des monts recueil les innombrables gouttes d’humidité accumulée au cours de la nuit et les redistribue dans la plaine, immense et sauvage, noire elle aussi. Je me noie dans un étang et tu n’as que faire de mes balbutiements de vivant face à la très haute mort. Tu as bien raison de ne rien voir, vis tant que vis, aveugle de tout, et aveugle de moi. Tu danses, folle, dans la brume dense à en perdre la tête ou le corps. Je viendrai te rejoindre quand je serai spectre. Et je serai spectre, et je serai le roi d'un pays naissant que j'explore d'une main et que je noie dans l'autre. Et cette autre main elle même est en oscillation face à la terre nerveuse, à la pierre qui chante aveuglément et inlassablement une mélopée immatérielle et nuisible. Vas-t-en, vas-t-en et reviens demain, une nuit je te rejoindrai quand je serai spectre. Je te rejoindrai quand je serai spectre.