Si ton cœur est une pierre et que tes larmes de sable
Déchirent tes yeux et transforment ton visage aimable.
Si le flegme entoure les contours de ta silhouette
Et absorbe tes jours et enferme tes gestes.
Quelle miraculeuse lumière saurait atteindre ton ombre ?
Ton cœur est une pierre qui veut briser le monde
Mais ce monde est trop fière, ce monde est trop haut,
Pour qu’un cailloux empli de haine n’atteigne son diadème.
Et tes pleurs sont trop secs pour attendrir le marbre de son architecte.
Sous ta pierre pourtant il y a une forme suspecte.
Sous ta pierre c’est la pieuvre endormie, abyssale
Et qui respecte ton choix, et qui n’attend rien de ton mal.
Ses artères, bras profonds, bras en croix, bras d’amour
Attendent d’embrasser avec, tout ce qui vit alentour.
Moi qui fût ton jumeau,
L’habit le plus juste de jeunesse et révolte
J’ai laissé tomber cette pierre dans un puits de sanglots
Pour laisser aller la pieuvre désinvolte.
Et mon seul drame d’aujourd’hui
C’est de n’avoir plus assez de ce cœur
Pour m’aimer moi-même.
Mais le miracle s’est produit,
Le monde reste au monde infecte
Mais mon cœur de pieuvre
Me hisse plus haut que lui.