Toi, tu es la vivante mais qui est entourée pour moi d’un linceul,
Tu es l’amoureuse impérissable dont il m’est défendu de soulever le drap.
De ne pouvoir être consommé, tu es le seul amour qui ne meurt pas.
Regarde ce fruit à l’arbre des passions dévorantes,
C’est le nôtre et je t’en supplie ne le cueille pas !
Car sa pulpe est embaumée de poison qui déjà nous hante,
Allons, ne le regardons pas !
Restons fidèles à la vie, pour que nos esprits jumeaux restent vivants,
Amants d’une nature silencieuse, dont les quatre yeux s’unissent tendrement,
Dans la balade hasardeuse des regards interdits, je t’en supplie…
Laisse-moi te fuir un jour sur deux, pour survivre vivons dans notre manque.
Soyons ainsi bénis dans notre malheur, plutôt que de vivre un bonheur damné.
Il nous faut dépasser cet état d’âme étrange,
Alors plus haut que l’amour, un mot reste encore à inventer !
Amour trois fois inavoué, félinité brûlante du point du jour au point du jour.
Sans arrêter de te penser dans le diurne, dans le nocturne tout est possédé !
Grand amour, ou peut-être feu follet, personne ne le saura jamais.
Nous nous tenons éperdus dans notre imaginaire alcôve,
Si la chair n’y est descendue, l’esprit espère encore.
Gloire à cet amour qui dort sur un étrange charbon de cœur,
Il nous livre des jours entiers à l’énergie du bonheur !