extraits, par Céline Courot
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Mots : poésie - textes - voyages
Nous sommes lundi, 4 jours...
Aujourd'hui, je n'ai plus peur de partir, très impatiente au contraire. Mon sac est pratiquement fait, il me reste que quelques accessoires à rajouter, l'essentiel y est. J'ai beaucoup de choses à faire avant vendredi matin mais elles restent de l'ordre du détail. Ce matin, en me réveilllant, je n'ai pensé qu'à de belles images, celles d'un autre pays sous le coucher du soleil, des odeurs, des parfums, des ambiances. Rien que du merveilleux...
Je viens de me souvenir qu'on a failli mourir deux fois cette après-midi : traverser une route est ici aussi dangereux que de descendre les chutes du Niagara en canoë !
Le premier bain de foule s'est bien passé : pas trop de sollicitations, beaucoup de couleurs, d'agitation, beaucoup de vie...
L'ambiance est comme je l'imaginais. Bizarrement je n'ai subi aucun moment de panique aujourd'hui. J'ai vu mes premières vaches, mes premiers singes, mes premiers lépreux... On sent et on voit la pauvreté partout, l'instinct de survie est omniprésent : on est bien loin de la France. Les soucis sont restés à Strasbourg ; notre seul contact avec le « passé » : un coup de fil aux parents pour les rassurer.
La liberté est une chose inestimable : on l'aprécie d'autant plus ici. Les contraintes d'ordre matériel en France sont inexistantes ; ce qui compte ici est de tenter de ne pas mourir, l'essentiel réside dans les médicaments et les papiers officiels. Pas de téléphone, pas de problème de voiture, juste être en vie.
Ce soir, je suis tombée amoureuse de l'Inde. Je n'ai pas réussi à saisir tout de suite la beauté de ce pays. Il est attachant. Je crois que cela définit bien ce que l'on peut ressentir une fois que l'on s'est immergé dans cette culture, si différente de la culture occidentale. Ces gens ont une vie simple. Une vie rude mais loin d'être enfermés dans leur situation, ils ont les yeux qui brillent. Bien sûr, le rapprochement est difficile à faire. Mon pays, la France, les français... Je me retrouve dans un monde à part, je n'y suis pas née, mais j'y grandis.
J'ai pleuré tout à l'heure. Pas pour moi. Il y avait des enfants à la gare. Des enfants qui mendiaient. Habillés de loques, décoiffés, sales. On s'habitue à la misère et pourtant, de la sentir si « accessible » et par là même de sentir son impuissance, son incapacité à venir en aide est une chose difficile à gérer.
Comment pourrai-je encore me plaindre ? J'ai été si égoïste depuis le début de ce voyage. Cela m'attriste, mais encore une fois j'ai beaucoup appris.
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