Pourquoi ne pouvons-nous pas accéder à notre musicalité ?
Mouvement sans forme, symphonie sans coeur ni instrument, là où nous attendions une foule brandissant un hymne nous trouvons un chef d’orchestre s’ébattant dans le vide, confirmant sa présence, elle est là effroyablement entêtante. Tout semble se jouer sur un autre registre, sur une autre fréquence. Quel organe, quel sens nous permettrait de manipuler cette lave en fusion dont, suprême humiliation, même le passage des saisons accorde le rythme des bouillonnements.
Bien entendu, nous ne percevons que la coque refroidie, inerte, acclimatée à l’être, et il ne nous reste plus qu’à envisager ce que nous avons perdu, l’étendue de notre manque.
Je suis vidé de quelque chose aux relents mystiques, la foi, peut-être, maintenant comment croire que nous nous survivons ?
A chaque instant, la mort nous arrache des cris et, inlassablement, en bon hystériques de l’Absolu, nous nous entêtons dans mille projets aussi misérable les uns que les autres. Chaque seconde témoigne de nos hésitations douloureuses, de notre stupeur. Exposés au vide funeste nous nous répandons en chimères; le désillusionné, lui, affronte la mort comme ces moines asiatiques qui à doses, de moins en moins infinitésimales s’acclimataient aux poisons les plus violents.
En porte à faux entre le vertige et l’inconscience, la folie et l’intolérable, que suis-je, de quelle source coulent mes larmes ?
L’invraisemblable existence ne tient-elle que du contact surpris de l’inalliable ?
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